Archive / Past Archive
Artistes
Émeline Amétis (France Hexagonale)
Sylvie Bonnot(France Hexagonale)
Serena Chang (Taïwan/US)
Carô Gervay (France/Vietnam)
Tyler & Sebastian Koudijzer (Hollande)
Nathyfa Michel (France Hexagonale/Guyane)
Flora Nguyen(France/Vietnam)
Kvet Nguyen (Slovaquie/Vietnam)
Thi My Lien Nguyen (Suisse/Vietnam)
Kosisochukwu Nnebe (Nigéria/Canada)
Hong-An Truong (Vietnam/US)
Claire Zaniolo (France Hexagonale/Guadeloupe)
Commissaires
Éline Gourgues (France Hexagonale) & Do Tuong Linh (Vietnam)
© Nathyfa Michel
• Où ?
Place publique de Rémire-Montjoly
et Kaz/Kó à Régina
• Quand ?
du 26 novembre au 24 janvier 2026
L’image devient territoire quand les récits officiels font défaut.
Archive / Past Archive explore l’image comme document et fiction, preuve et absence. Elle rassemble des créateur·rice·s qui répondent aux silences de l’archive pour inventer les écritures que ces creux rendent possibles. Ces artistes d’Asie du Sud-Est, des Caraïbes, de France et d’ailleurs composent des histoires diasporiques là où elles provoquent le manque. Les liens entre l’Asie du Sud-Est et les Caraïbes, façonnés par les circulations coloniales françaises, deviennent matière à récit. En 1884, la Guyane accueille des déporté·e·s « annamites », puis en 1931, 535 prisonnier·e·s politiques vietnamien·ne·s. Pendant la guerre d’Indochine, des Antillo-Guyanais·e·s combattent en Asie, avant l’installation des Hmong en 1977. S’appuyant sur des albums familiaux et la mémoire intergénérationnelle, chaque œuvre devient fragment d’une fièvre de l’archive (Derrida) – le désir anxieux de préserver ce qui s’efface.
Devant ces silences, les artistes inventent de nouvelles formes de transmission. Émeline Amétis interroge l’héritage diasporique dans Peyi Manman, tissant un récit matrilinéaire. Thi My Lien Nguyen construit une architecture visuelle de la mémoire face à l’effacement, négociant une identité hybride entre homeland et hostland. Flora et Kvet Nguyen revisitent les archives coloniales : l’une malmène les images pour esquisser une réparation, l’autre imagine une histoire potentielle (Ariella Azoulay) refusant les cadres impériaux. Comment habiter l’écart entre ce qui a été effacé et ce qui reste à inventer ? Les frères Tyler & Sebastian Koudijzer retracent le voyage de leurs grands-parents javanais·es dans De Gesuikerde Onderneming. Carô Gervay interroge colonialité et identité dans Appearing Act. Sylvie Bonnot recherche et compose des archives dans Le Royaume des moustiques, sur les lisières de l’Amazonie, à contre-courant de l’idée de forêt « vierge ».
Ces œuvres esquissent un corps diasporique comme territoire de résilience. Serena Chang confronte l'encodage racial du corps asiatique, construisant des contre-archives. Claire Zaniolo recompose un album familial lors de retours en Guadeloupe. Hong-An Truong subvertit l’autorité coloniale en se réappropriant les images. L’archive devient terrain de lecture. Kosisochukwu Nnebe transforme les feuilles de bananier en contre-archives matérielles. Nathyfa Michel conçoit Kaz / Kò comme un geste cathartique où l’archive survit dans les murs et la voix paternelle.
À travers ces œuvres, la photographie devient résistance. Ces artistes rouvrent les archives pour les troubler, les recomposer. Résonnent les « survivances » du traumatisme (Saidiya Hartman) : héritages indicibles inscrits dans la mémoire familiale et les gestes esthétiques. Comment la photographie peut-elle faire apparaître ce qui a été tenu hors champ ? Cette exposition devient un laboratoire où des géographies dispersées dialoguent à travers des écritures contemporaines.
Exposition réalisée en partenariat avec PhotoHanoi & La Station Culturelle
A propos des
commissaires
Eline Gourgues (France)
Commissaire d’exposition originaire d’Arles, Éline Gourgues développe une approche singulière des dynamiques postcoloniales à travers son héritage vietnamien et son ancrage martiniquais. Formée dans des institutions prestigieuses (ICP New York, Fondation Cartier-Bresson, Rencontres d'Arles), elle s'est spécialisée en production d’expositions et gestion de collections. Elle a cofondé et codirigé de 2019 à 2025 La Station Culturelle à Fort-de-France, centre consacré au rayonnement de la création caribéenne. Depuis 2024, elle est membre du comité scientifique de la MAZ. Son travail explore les liens entre archives et mémoires, contestant les représentations établies par une démarche poétique et documentaire qui tisse des expériences individuelles et collectives.
Do Tuong Linh (Vietnam)
Do Tuong Linh est commissaire d’exposition et chercheuse en art originaire de Hanoï. Elle est diplômée en histoire de l'art (Université des Beaux-Arts du Vietnam) et titulaire d’un master en art contemporain d’Asie-Afrique (SOAS, Londres), obtenu grâce à la bourse Alphawood. Depuis 2005, elle développe des projets artistiques au Vietnam, en Asie du Sud-Est et en Europe. Chercheuse associée au projet Site and Space in Southeast Asia (Power Institute, Sydney), elle représente le Vietnam dans des programmes internationaux prestigieux (Biennale Ljubljana 2019, CIMAM Oslo 2018, Tate Modern). Ses expositions remarquées incluent Citizen Earth, 2020, et Geo-Resilience of the All-world à La Colonie, Paris, 2018.