An mitan granbwa
Artistes
Raïssa Bibrac (Guadeloupe)
Cédrick-Isham Calvados (Guadeloupe)
Anaïs Cheleux (Guadeloupe)
Ludovic Claire (Guadeloupe)
Loÿs Regent (Guadeloupe)
Commissaire
David Démétrius (Guadeloupe)
© Cédrick-Isham Calvados
• Où ?
Sentier du Rorota de Rémire-Montjoly
• Quand ?
du 26 novembre 2025 au 24 janvier 2026
L’exposition est née d’une immersion de plusieurs mois au cœur de la forêt guadeloupéenne, où les photographes ont repensé leur regard au fil d’une résidence de recherche/création. Plutôt que de figer le paysage, leurs images résultent d’un dialogue vivant avec l’entité Forêt. L’humidité ambiante, le tracé subtil des chimen chyen et la densité végétale imposent une adaptation permanente des corps.
Anaïs Cheleux esquisse une série consacrée aux bains rituels, observant l’absence d’une pratique ressuscitée par son propre ressenti corporel. Pour Loÿs Régent, la forêt devient un sanctuaire queer, à la fois refuge et espace de résilience mentale : ses figures mythologiques explorent trajectoires intérieures et santé psychique. Dans l’œil de Raïssa Bibrac, les troncs noueux deviennent portraits de famille : chaque branche évoque une génération, chaque tronc une mémoire renaissante. Cédrick-Isham Calvados capte, dans la fêlure d’un sentier ou l’inachèvement d’un regard sur la route, le souffle fugitif du·de la passant·e, interrogeant notre présence éphémère. Quant à Ludovic Claire, il dissout l’humain dans l’humus, laissant la végétation fusionner en présences « méta-humaines », esquisses d’une hybridité au-delà des frontières biologiques.
En croisant le regard guyanais et guadeloupéen – où mémoire des plantations, résistance des Gwadloupéyen·nes et récits de queerness insulaires se mêlent –, et en l’ouvrant à d’autres Suds, l’exposition tisse un dialogue transversal. Elle fait résonner les voix des invisibles – minorités, subalternes, déplacé·e·s – et celles d’artistes engagé·e·s, qui dénoncent, interrogent et soignent. La forêt y apparaît moins comme un écrin immuable que comme un territoire poreux, traversé par les enjeux du néocolonialisme et de la financiarisation du vivant.
En mettant en tension récits antillais, queers et écologiques, l’exposition ouvre de nouveaux chemins pour réinventer notre rapport au monde : non plus en conquérant métrique, mais en écoutant les dissonances et les accents pluriels d’un vivant en perpétuelle recomposition.
Exposition réalisée en partenariat avec l’association Fotolib
A propos du
commissaire
David Démétrius (Guadeloupe)
David Démétrius est curateur indépendant guadeloupéen et critique d’art (AICA France). Diplômé en histoire de l’art et en anthropologie, il œuvre à la valorisation des scènes artistiques caribéennes, dont celles de la Caraïbe créolophone à base lexicale française. Il rejoint le collectif et la revue d’art contemporain AFRIKADAA, au cours de l’année 2021, et est rédacteur en chef du dernier numéro portant sur les discriminations dans les écoles d’art en France et les pédagogies alternatives. David Démétrius travaille depuis deux ans aux côtés de la curatrice guadeloupéenne Claire Tancons, en tant que curateur junior sur un projet d’exposition : Van Lévé : Visions souveraines des Amériques et de l’Amazonie créoles et marronnes, sur la création artistique caribéenne française, ainsi que sur l’édition 2024 de Nuit Blanche. À son retour en Guadeloupe (été 2024), l’un de ses premiers projets curatoriaux, sur invitation de l’association Métis’Gwa, a été de mener un laboratoire de recherche/création en faisant dialoguer cirque contemporain (Tash), photographie (Cédrick-Isham Calvados), le tout enveloppé musicalement par exXÒs mètKakOla.