Rien ne reste figé
Jessica Laguerre (Guadeloupe)
Résidence du programme Foto Kontré
Artiste proposé par Artistik Rézo Caraïbes (Guadeloupe)
© Jessica Laguerre
• Où ?
Musée Franconie, Cayenne
• Quand ?
du 26 novembre au 24 janvier 2026
de 10h à 14h et de 15h à 18h le lundi, mercredi et vendredi,
de 8h à 14h le jeudi et de 8h30 à 12h30 le samedi
Ce voyage en forêt a été une véritable traversée initiatique, marquée par la peur, la perte, puis la transformation. Citadine, j’abordais cet environnement inconnu avec appréhension : la forêt incarnait pour moi l’hostilité, la mort, l’effacement de repères familiers. Y pénétrer fut un acte de bravoure, une confrontation directe avec mes angoisses les plus profondes. Mais pas à pas, dans le silence et la lenteur, j’ai appris à l’écouter, à la voir autrement. La peur a cédé la place à l’émerveillement, puis à une forme d’abandon. J’ai commencé à me sentir présente, ancrée. Lorsque je lui ai demandé la permission de la photographier, un lien s’est tissé. Puis, nue face à elle, j’ai senti renaître une part sauvage. J’étais à la fois vulnérable et invincible. Une mue s’est opérée : je laissais mourir la part de moi qui craignait, pour accueillir une présence nouvelle, instinctive et reliée. Cette nature m’a transformée. L’eau, la terre, les formes végétales sont devenues les miroirs de cette métamorphose. À travers l’image, je ne cherche plus à figer, mais à traduire une traversée intérieure. Ce que je montre, ce n’est plus moi, mais une trace, une présence fluide où chacun·e peut se projeter. La forêt, autrefois étrangère, est devenue matrice.
Cette série se situe entre le visible et l’invisible. Chaque image que je crée devient comme une peau sensible, un seuil fragile, un lieu d’abandon et de recommencement. Ce que je cherche à partager ? Un récit où la photographie ne saisit pas tant une identité qu’un passage.
A propos de l’artiste
Jessica Laguerre (Guadeloupe)
Jessica Laguerre est une photographe guadeloupéenne dont le travail, entre commande et création, explore les liens sensibles entre corps, geste et paysage. Formée à l’INA en 2019 après une reconversion professionnelle, elle développe une écriture visuelle nourrie de poésie, de silence et de révolte douce. Depuis sa première exposition au Festival Bleu Outremer en 2019, elle demeure attentive aux failles, à l’invisible, à la fugacité. Son travail interroge aussi la faible visibilité des femmes photographes en Guadeloupe. En 2023, elle réalise Muette, un court-métrage dénonçant les violences sexuelles, et poursuit son engagement artistique au fil de résidences, dont une à Sainte-Lucie en 2024. Elle approfondit aujourd’hui une recherche plus introspective, où la nature devient espace de métamorphose.