Reprendre Racines
Artistes
Ana Beatriz Almeida (Brésil)
Mónica de Miranda (Portugal/Angola)
Fabrice Monteiro (Bénin/Belgique)
Nyaba Léon Ouedraogo (Burkina Faso)
Ngadi Smart (Sierra Leone)
David Uzochukwu (Autriche/Nigéria)
Wendie Zahibo (France Hexagonale/Guadeloupe)
Commissaire
Aude Leveau Mac Elhone (France Hexagonale)
© David Uzochukwu
• Où ?
Place des Palmistes à Cayenne
• Quand ?
26 novembre 2025 au 24 janvier 2026
Dans un monde marqué par l’exploitation systémique du vivant comme du non-vivant, Reprendre Racines propose d’explorer d’autres modèles économiques et sociaux plus respectueux, plus durables, plus justes. Cette démarche implique d’envisager le monde de façon holistique. C’est précisément sur cette voie que nous conduisent les artistes présenté·e·s par la Fondation Dapper dont les approches se fondent sur l’interdépendance entre l’Humain et son environnement, plutôt que sur l’exploitation de l’un par l’autre. Elles entrent en résonance avec les pensées d’Ailton Krenak et de Philippe Descola, qui appellent à dépasser une vision utilitariste du vivant, héritée de la colonisation et perpétuée par l’hypermondialisation.
Se reconnecter à l’eau, à la terre, au vivant. Leur redonner toute leur place. Faire circuler la mémoire autrement. Retrouver une approche cyclique du temps, à l’image du végétal. Se réapproprier une part de soi, étouffée par des systèmes imposés. Réparer un déplacement forcé.
Autant de nécessités qui supposent de se délester d’un modèle dominant et obsolète, de réactiver ce qui a été nié, effacé ou perdu. À travers leurs œuvres, les artistes de cette exposition s’attellent à cette tâche essentielle.
Dans une forme de résistance, Nyaba Léon Ouedraogo évoque un vivant qui reprend progressivement ses droits sur des espaces aliénés par la colonisation ; Fabrice Monteiro compose des prophéties visuelles, avertissements oniriques sur les conséquences de l’extractivisme ; Ngadi Smart donne à voir des cultivateur·rice·s submergé·e·s par les feuilles de cacao, entre survie et étouffement. Mónica de Miranda envisage la Terre comme un espace de résistance, de libération et de soin plutôt que comme un lieu d’extraction.
Dans une dynamique de reconnexion, Wendie Zahibo saisit les pieds qui foulent la terre, les mains qui tressent les plantes et pétrissent l’argile pour construire l’habitat ; Ana Beatriz Almeida invoque le monde invisible à travers une performance au cœur de la forêt ; Nyaba Léon Ouedraogo, à nouveau, plonge dans la vie mystique portée par le fleuve Congo et ses abords ; David Uzochukwu imagine des corps en osmose avec les eaux, les plantes, les pierres – en symbiose avec le monde.
À travers ces œuvres, Reprendre Racines devient un acte de survie et de résistance. Un geste politique, spirituel, réparateur. Une invitation à refuser les logiques de domination guidées par le profit, à rouvrir les chemins de la terre et des eaux, à retrouver les voix oubliées des ancêtres, des esprits, du vivant. Une proposition d’autres récits – moins destructeurs, plus habités.
A propos de la
commissaire
Aude LeveauMac Elhone(France)
Aude Leveau Mac Elhone est commissaire de l’exposition Reprendre Racines. Curatrice et secrétaire générale de la Fondation Dapper, elle conçoit des projets valorisant les expressions contemporaines issues d’Afrique et de ses diasporas. Elle a récemment assuré le commissariat de l’exposition Aline Motta, Brésil et Afrique : une histoire partagée, conçue pour le OFF de la Biennale d’art contemporain de Dakar (Gorée, 2024), ainsi que de L’Art dans la Cité à La Rotonde des Arts (Abidjan, 2023). Elle est également autrice de textes d’exposition et de catalogues et contribue à la mise en œuvre de résidences artistiques au Sénégal. Son travail s’inscrit dans la continuité des actions menées par la Fondation Dapper depuis 1986. Reconnue d’utilité publique et à but non lucratif, cette institution soutient les arts de l’Afrique et de ses diasporas, d’hier et d’aujourd’hui, avec près de cinquante expositions à son actif en France et une dizaine en Afrique et dans les Caraïbes (Sénégal, Côte d’Ivoire, Maroc, Martinique). Aujourd’hui nomade, la fondation poursuit sa mission à travers des projets itinérants visant à toucher de nouveaux publics et à sensibiliser à la richesse des héritages culturels, comme à la vitalité des créations contemporaines. Elle publie également des livres d’art. Reprendre Racines marque la première exposition de la Fondation Dapper en Guyane.